Le 17 juin 2025 marque un tournant décisif dans la politique de santé publique en France : la Haute Autorité de Santé (HAS) s’est prononcée en faveur du dépistage systématique du cytomégalovirus (CMV) chez les femmes enceintes dès le premier trimestre de grossesse. Cette décision met fin à plus de vingt ans de débats et ouvre la voie à une meilleure prise en charge de cette infection pourtant encore largement méconnue
Camille, publié le 07/07/2025 - 5 min de lecture
Le cytomégalovirus est un virus très courant, transmis par les fluides biologiques (salive, urine, sécrétion respiratoire, etc.). Environ 46 % des femmes âgées de 15 à 49 ans ont déjà été exposées au CMV en France. L'infection est asymptomatique dans 90 % des cas, tant pour la mère que pour l’enfant. Cependant, lorsque le virus est contracté pendant la grossesse, en particulier durant le premier trimestre, les conséquences peuvent être graves pour le fœtus.
Chaque année, près de 800 bébés naissent avec un handicap lié au CMV contracté in utero. Parmi les séquelles recensées figurent :
Le dépistage repose sur une prise de sang visant à rechercher les anticorps anti-CMV. Un test d’avidité peut ensuite déterminer si l’infection est ancienne ou récente. En cas de sérologie négative (la future maman n’a jamais eu le virus), des mesures de prévention doivent être mises en place, telles que l’hygiène renforcée (lavage de mains, précautions avec les enfants en bas âge,etc.).
En cas d’infection récente, un traitement antiviral à base de valaciclovir peut être proposé, bien que son efficacité sur les séquelles reste encore à confirmer. Des examens complémentaires (échographies, amniocentèse) peuvent aussi être nécessaires pour surveiller l’état du fœtus.
Pour garantir le succès de cette nouvelle recommandation, la HAS insiste sur la nécessité de réorganiser le parcours de soins autour de ce dépistage :
Bien que cette décision de la HAS marque une avancée forte, la mise en œuvre du dépistage sera accompagnée d'une phase d’évaluation de trois ans, afin de mesurer son efficacité et son impact en conditions réelles. L’objectif est de recueillir de nouvelles données pour statuer sur une éventuelle pérennisation du dispositif.
Le dépistage systématique du CMV au début de la grossesse constitue une étape importante pour la prévention des handicaps d’origine virale chez le nouveau-né. En s’attaquant à une inégalité de dépistage, selon les territoires, cette mesure vise à offrir à toutes les femmes enceintes, les mêmes chances de détecter et prévenir les conséquences du CMV sur leur enfant à naître.
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