Le sujet de la santé mentale est déjà pris en compte par la HAS depuis 2013, année où l’élaboration d’un programme a déjà été effectuée. À ce jour, elle en fait une priorité avec ce nouveau programme “Santé Mentale et Psychiatrie 2025-2030” qui a pour principal objectif d’améliorer l'accès aux soins de santé mentale, tout en garantissant leur qualité et leur équité. Face à une société de plus en plus marquée par des troubles psychiques (stress, anxiété, dépression, etc.), la HAS souhaite faciliter le parcours de soins en psychiatrie en intégrant de nouvelles approches et en favorisant la prise en charge précoce.

Le programme « Santé Mentale et Psychiatrie 2025-2030 » s'articule autour de neuf grands axes thématiques, chacun abordant des problématiques spécifiques liées à la santé mentale et à la psychiatrie en France. Ces thèmes sont essentiels pour répondre aux défis actuels de la prise en charge des troubles psychiques et améliorer l’efficacité des soins.

Les troubles schizophréniques et les troubles bipolaires constituent des pathologies graves, souvent mal prises en charge en raison de la stigmatisation et des difficultés diagnostiques. Le programme vise à améliorer la prise en charge de ces troubles, en favorisant des approches thérapeutiques adaptées, qu'elles soient médicamenteuses ou psychosociales. Un accent particulier sera mis sur la détection précoce et la réduction des rechutes, tout en intégrant les patients dans leur parcours de soins de manière active.

Les troubles psychiatriques chez l’enfant et l’adolescent requièrent une approche spécifique en raison des enjeux de développement et de la nécessité d'interventions précoces. Ce thème porte sur la prévention, l’identification rapide des troubles (comme l’anxiété, la dépression ou les troubles du comportement), ainsi que l’amélioration de l'accès aux soins spécialisés pour cette tranche d'âge. Des efforts seront également consacrés à la sensibilisation des parents à la santé mentale des jeunes.

Le respect des droits des patients est fondamental dans la prise en charge psychiatrique. Ce thème inclut des mesures pour garantir que les soins soient dispensés dans le respect des libertés et de la dignité des patients. Il met également l’accent sur le rôle de la pair-aidance, où les personnes ayant vécu des troubles mentaux soutiennent ceux qui sont en cours de traitement, et sur l’alliance thérapeutique, visant à établir une relation de confiance entre le patient et le professionnel de santé pour une meilleure efficacité des soins.

Les proches d'un patient souffrant de troubles psychiatriques jouent un rôle important dans l’accompagnement. Ce thème reconnaît l'importance d'un soutien familial continu, en incluant des dispositifs d’accompagnement pour aider les familles à mieux comprendre la maladie et à réduire le poids psychologique lié à la prise en charge des proches malades. Des programmes de formation et de soutien seront proposés aux familles pour renforcer leur capacité à accompagner efficacement leurs proches.

Les troubles mentaux touchent de plus en plus de personnes âgées, notamment en raison du vieillissement de la population. Ce thème met en lumière la nécessité d’adapter les soins psychiatriques aux spécificités de la personne âgée, en prenant en compte des pathologies telles que la démence, les troubles dépressifs ou les troubles anxieux. L’objectif est de garantir un accès approprié aux soins, tout en répondant aux besoins spécifiques de cette population, souvent plus vulnérable.

Les personnes incarcérées ou sous mesures de soins pénalement ordonnés font face à des défis de santé mentale souvent amplifiés par l’isolement lié à la détention. Ce thème aborde la nécessité d’améliorer les conditions de soins en milieu carcéral, en proposant des soins psychiatriques adaptés aux détenus, y compris la mise en place de structures spécialisées et de dispositifs de suivi pour les personnes ayant des troubles mentaux. L’objectif est d’assurer que ces soins respectent les droits des détenus et offrent des solutions thérapeutiques pour une réinsertion réussie.

Les troubles liés aux addictions (drogues, alcool, jeux, etc.) sont fréquemment associés à des troubles mentaux tels que la dépression, l’anxiété ou les troubles de l’humeur. Ce thème se concentre sur l’importance de l’approche intégrée pour traiter à la fois les troubles psychiatriques et les addictions, en mettant en place des programmes de soins combinés et en améliorant l'accès aux dispositifs spécialisés de désintoxication et de réhabilitation. La prévention des comportements addictifs et leur gestion au sein du système psychiatrique sont également au cœur de ce thème.

Les troubles du neurodéveloppement (comme l’autisme, le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, etc.) sont des pathologies qui nécessitent une prise en charge adaptée dès le plus jeune âge. Ce thème vise à renforcer les diagnostics précoces, à proposer des thérapies adaptées pour chaque trouble et à améliorer l’accompagnement des familles. Des actions seront également mises en place pour former les professionnels de santé à mieux comprendre et prendre en charge ces troubles souvent mal compris.

La qualité des soins psychiatriques sera au centre des préoccupations avec ce thème, visant à certifier les établissements de santé autorisés en psychiatrie. Le but est de garantir que ces établissements respectent des normes en matière de soins, de sécurité, et de qualité de prise en charge. La certification devra prendre en compte des critères tels que l’accessibilité, la compétence des équipes médicales et l’adaptation des soins aux besoins des patients.

Dans ce contexte de réforme, la formation continue des professionnels de santé est essentielle pour assurer la mise en œuvre efficace des nouvelles pratiques. De plus, la santé mentale ne peut pas être abordée isolément. Une approche multidisciplinaire et coordonnée est essentielle pour garantir une prise en charge efficace. La HAS met en avant la nécessité de renforcer la collaboration entre les différents acteurs du système de santé, qu’il s’agisse de médecins, psychologues, infirmiers, travailleurs sociaux ou autres professionnels. La coordination des soins est essentielle pour mieux accompagner les patients souffrant de troubles psychiques.

En 2022,  les dépenses remboursées au titre de la santé mentale constituent le deuxième poste de dépenses de l’Assurance maladie avec un montant de 26,2 milliards d’euros, soit 14 % des dépenses totales. Cette part importante souligne l’enjeu économique majeur de la santé mentale dans le système de soins français et justifie l’attention portée à cette thématique dans le cadre du programme « Santé Mentale et Psychiatrie 2025-2030 ».

Dans le cadre de la mise en œuvre du programme, la HAS publiera chaque année une nouvelle feuille de route, précisant les priorités à suivre. 

Pour l'année 2025, des recommandations pratiques seront lancées, en particulier sur les méthodes de détection précoce et de prise en charge des psychoses naissantes, ainsi que sur les traitements médicamenteux et non médicamenteux des troubles schizophréniques et des états dépressifs chez les personnes âgées.

Le programme « Santé Mentale et Psychiatrie 2025-2030 » de la HAS marque une étape décisive dans l’importance de la prise en charge des troubles psychiques en France. Grâce à une meilleure accessibilité aux soins, une coordination renforcée des acteurs, et une attention particulière portée à la prévention et à la lutte contre la stigmatisation, ce programme vise à offrir une prise en charge plus humaine et plus efficace. La santé mentale, sujet longtemps mis de côté, commence à recevoir une attention toute particulière.