La mortalité infantile en France est en hausse depuis plusieurs années, plaçant le pays au 22ᵉ rang en Europe. Face à ce constat alarmant, la Haute Autorité de Santé (HAS) publie un rapport détaillé avec dix préconisations essentielles pour améliorer la prise en charge des nouveau-nés, réduire les événements indésirables graves et garantir un meilleur accompagnement périnatal. Découvrez dans cet article une analyse des causes, les enjeux et les solutions proposées.
Camille, publié le 30/05/2025 - 5 min de lecture
Ce mercredi 21 mai 2025, la Haute Autorité de Santé (HAS) a publié dix préconisations majeures pour renforcer la sécurité des nouveau-nés à la naissance. Cette publication intervient dans un contexte particulièrement préoccupant : la mortalité infantile en France est en hausse depuis plusieurs années, malgré des décennies de politiques de santé périnatale.
En 2023, la France occupe la 22ᵉ place au sein de l’Union européenne en matière de mortalité infantile, avec un taux supérieur à la moyenne européenne. Ce classement alarmant met en lumière une dégradation préoccupante des indicateurs de santé périnatale, malgré plus de 20 ans de recommandations et de politiques publiques dédiées.
Cette série de préconisations s’appuie sur l’analyse de 328 déclarations d’évènements indésirables graves associés aux soins (EIGS) survenus chez des nouveau-nés. Ces signalements ont été recueillis entre le 1ᵉʳ mars 2017 et le 27 mai 2024, directement par des professionnels de santé confrontés à des situations critiques.
Les résultats de ce rapport sont préoccupants : 57 % des événements recensés ont été jugés évitables ou probablement évitables. Ce constat traduit une fragilité inquiétante de notre système de soins en matière de périnatalité, notamment lors des étapes les plus sensibles du parcours de naissance. L’accouchement et les premières heures de vie du nourrisson en font partie.
Parmi les causes immédiates les plus fréquentes figurent les erreurs obstétricales, telles qu’une interprétation incorrecte du rythme cardiaque fœtal ou une surveillance insuffisante en salle de naissance. D’autres incidents sont liés à des erreurs dans l’administration des soins médicamenteux ou à une mauvaise utilisation des dispositifs médicaux. À cela s’ajoutent des défaillances d’ordre organisationnel, qui compromettent la fluidité et la qualité de la prise en charge.
En analysant les causes profondes, on observe qu’elles sont souvent liées aux caractéristiques individuelles des patients, mais également à des lacunes persistantes dans la communication entre professionnels et à une coordination insuffisante des équipes médicales. Ces dysfonctionnements systémiques accentuent les risques et rendent l’ensemble du processus de soin vulnérable aux erreurs évitables.
La HAS a formulé dix mesures concrètes qui ciblent les principaux leviers d’amélioration de la sécurité néonatale face aux causes profondes identifiées au cours de l’analyse des déclarations d’EIGS reçues. Voici une synthèse de ces préconisations :
Les recommandations présentées ci-dessous portent exclusivement sur les causes profondes identifiées lors de l’analyse des déclarations d’événements indésirables graves (EIGS) reçues par la HAS. Elles ne reprennent donc pas l’ensemble des recommandations relatives aux nouveau-nés déjà formulées dans d'autres travaux antérieurs, réalisés ou labellisés par la HAS (7, 15, 17, 23, 25-47), qui restent néanmoins pleinement valides.
Avec ces 10 préconisations, la HAS entend mieux éclairer les circonstances des accidents survenus, identifier les failles qui les favorisent, et orienter de manière ciblée les actions prioritaires à mettre en œuvre par les pouvoirs publics ainsi que par l’ensemble des professionnels de la périnatalité. L’objectif central est de renforcer durablement le niveau de sécurité autour de la naissance, en particulier lors de la prise en charge du nouveau-né et de sa mère.
Cette démarche implique également une réorganisation de l’offre de soins, afin de garantir des accouchements plus sécurisés et d’assurer un suivi de proximité plus soutenu, tant pendant la grossesse qu’au cours de la période postnatale. Il s’agit de mieux accompagner les femmes et leurs enfants à chaque étape, en réduisant les disparités territoriales et les ruptures de parcours.
Ce travail de la HAS n’a pas pour seul but de dénoncer des défaillances. Il vise surtout à créer une dynamique d’amélioration continue. Pour cela, il est essentiel que les établissements de santé s’emparent de ces recommandations, que les professionnels soient formés, et que les parents soient mieux informés et accompagnés.
La culture du signalement et du retour d’expérience, souvent perçue comme punitive, doit évoluer vers une culture d’apprentissage, dans laquelle chaque événement sert à renforcer la qualité globale des soins.
Enfin, la HAS insiste sur le rôle central des politiques publiques, qui doivent désormais intégrer ces constats dans une réorganisation structurelle de l’offre de soins : développement de la proximité, lutte contre les déserts médicaux, soutien aux maternités, et investissement dans la formation des professionnels.
La sécurité des nouveau-nés ne peut plus être considérée comme acquise. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, et les témoignages des professionnels de terrain confirment l’urgence d’agir.
Avec ces dix préconisations, la HAS propose une stratégie réaliste, fondée sur des faits et des retours concrets du terrain qui s’adressent aux professionnels de santé, aux structures de soins, aux régulateurs de l’offre de soins et au législateur. À l’heure où les familles attendent un accompagnement sûr et humain, il est de la responsabilité collective de garantir à chaque enfant un départ dans la vie dans les meilleures conditions possibles.
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