Démographie infirmière : chiffres, enjeux et perspectives en 2025

Une demande de soignants en explosion mais des réponses encore inégales sur le territoire français.

L’étude de l’Ordre confirme une tendance de fond : la profession reste majoritairement féminine (87 % de femmes), avec un âge médian autour de 40 ans. Une population stable, mais qui peine à suivre le rythme d’une demande en pleine croissance.

Selon les projections de la Direction de la recherche, de l'évaluation, des études et des statistiques DREES, les besoins en soins infirmiers pourraient augmenter de plus de 50 % d’ici 2040. Un bond lié notamment au vieillissement de la population, mais aussi à la montée des maladies chroniques comme le diabète, les pathologies cardiovasculaires ou les troubles neurodégénératifs.

Dans ce contexte, la seule augmentation du nombre d’inscrits ne suffit plus. L’Ordre alerte sur l’écart grandissant entre offre et demande et appelle à des mesures concrètes pour garantir un accès équitable aux soins : soutien à l’exercice libéral, révision de la carte sanitaire, incitations à l’installation en zones fragiles.

Si les infirmiers sont présents sur tout le territoire, la répartition géographique reste profondément déséquilibrée. Certaines régions – l’Île-de-France, les Pays de la Loire ou encore certaines zones rurales – souffrent d’un déficit de professionnels, parfois critique.

Le système actuel de zonage, datant de 2020, ne prend plus en compte les évolutions récentes du territoire : urbanisation périphérique, désertification médicale, nouvelles mobilités. Une actualisation du zonage apparaît aujourd’hui indispensable pour mieux orienter les installations et assurer une couverture homogène du territoire.

Autre signal d’alerte : le vieillissement des professionnels eux-mêmes. Plus de 12 000 infirmiers en activité ont aujourd’hui plus de 60 ans. Une part significative de la profession pourrait ainsi quitter le circuit dans les cinq à dix prochaines années, sans garantie de remplacement, notamment dans les zones déjà en tension.

Pour anticiper cette transition, l’Ordre plaide pour un plan d’action ambitieux : former davantage, accompagner les jeunes diplômés, revaloriser l’exercice libéral, et mettre en place des aides ciblées à l’installation. L’enjeu est double : assurer le renouvellement des effectifs et préserver la qualité des soins de proximité.

La progression des effectifs infirmiers est sans conteste une bonne nouvelle. Mais elle ne peut masquer les déséquilibres qui menacent à moyen terme la cohérence du système de soins. Formation, attractivité, répartition, fidélisation : autant de leviers à activer dès maintenant pour éviter un désengagement progressif.

Dans un paysage sanitaire en mutation, les infirmiers libéraux occupent une place stratégique. Investir dans leur profession, c’est préserver l’accès aux soins, renforcer les parcours de santé, et consolider un maillon fondamental du système de santé français.